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Brigitte Wyngaarde | Invitez vos amis à visiter cette page du site: www.rencontreweb.com |
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Sommaire Brigitte Wyngaarde n'est à la tête d'aucun combat. elle veut seulement tenir bon contre la violence de la société environnante qui apporte tous les mauvais vents et qui cherche à posséder, occuper, marchander l'espace naturel , humain et social et imposer ce qu'elle appelle ses valeurs, mais qu'elle ne maîtrise plus. Les amérindiens seraient donc là pour recevoir le surplus de tous les dévoiements; alors, c'est l'alcoolisme, la délinquance individuelle ou de groupes en errance, la drogue, l'arrivisme cupide. En fait la marginalisation des sociétes amérindiennes se constate sur le terrain , dans les textes et les institutions qui ignorent ou méprisent ce qui n'est pas dans leurs normes.. C'est sur ce front-là que Brigitte Wyngaarde se tient debout encouragée et soutenue par un petit peuple et par la naissance d'une conscience nouvelle du respect des peuples et de leur liberté de choisir eux-mêmes ce qui est bon pour la préservation de leur être et le développement de leur bien-être. Nous remercions Brigitte Wyngaarde pour sa longue conversation téléphonée qui nous a permis d'écrire cette page
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Conversation
avec Brigitte Wyngaarde.
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Arawak Après son élection comme Chef Coutumier, Brigitte Wyngaarde, première femme du moment sur notre Site, nous avait accordé une conversation téléphonée. Nous lui avions demandé de nous expliquer ce que signifiait dans la réalité amérindienne, un village, un peuple, une communauté, une tradition. Voici les grandes lignes de sa réponse. B.Wyngaarde La société Amérindienne est communautaire. Le principe de la communauté constitue donc l'élément fondamental de l'organisation sociale. Un village européen ou antillais est une entité urbaine.Tout autrement, le village amérindien est établi sur une terre collective, à la fois cadre privé à caractère familial et largement ouvert sur l'extérieur.Chacun se déplace dans un espace sans clôture ni barrière. Chacun parle à chacun, et tous sont égaux.L'esprit de groupe l'emporte sur l'individualisme:A l'occasion des maryuris, chacun se fait fort de participer à l'effort collectif. Cette contribution, parce qu'elle est faite en nature, permet aux plus démunis d'apporter un soutien appréciable au groupe social, et de lui réclamer en retour aide et assistance. Ainsi, dans cette société, il n'y a pas d'exclus. rencontres -Dans cette société à communauté non hiérarchisée, quel est le rôle du Chef Coutumier ?. B.Wyngaarde- Je dois d'abord dire à ceux qui ne le savent pas, que les communautés amérindiennes appartiennent à six groupes en Guyane Française. Ce sont les Kali'na, Pahikweneh, Lokono, Wayana, Wayapi et Teko. Les membres reconnaissent les règles coutumières et l'autorité du Chef Coutumier parfois formalisées par une Charte Coutumière. Les liens sont ainsi très forts au sein du groupe, qui n'en demeure pas moins ouvert sur l'extérieur; et cette dernière particularité, il faut la souligner . Vous me demandez de définir le rôle du Chef Coutumier. je vous dirai qu'il est autant autorité administrative et spirituelle que dépositaire de la tradition de son peuple. C'est lui qui joue le rôle essentiel dans la cohésion du village. Il représente l'intérêt du groupe, en prévoit l'évolution, anticipe pour parer aux difficultés, règle un différend ici, décide là, tranche, soupèse, juge et réconcilie aussi bien entendu! C'est lui qui très souvent supplée aux carences de l'administration. rencontres- Le Chef Coutumier, serait-il Chef sans contestation? B.Wyngaarde - Bien sûr que non. Il lui arrive d'être contesté. La contestation est la marque de la sociéte démocratique, et précisément, la tradition amérindienne est démocratique. Mais les membres de la communauté reconnaissent unanimement le poids de sa parole, et respectent la fonction.L'administration moderne en lui reconnaissant une autorité sur son peule, n'a fait que reconnaître une très ancienne coutume de ce peuple. Un exemple fort de l'étendue de l'autorité du Chef Coutumier: il est fondé à décider l'exclusion de la communauté d'un membre qui a gravement contrevenu à l'intégrité du village. Mais le Chef coutumier est assisté d'un Conseil Coutumier, et l'autorité morale de ses décisions est admise et respectée. rencontres- Même si le peuple-village de balaté a une dimension réduite, étant donné l'ampleur des compétences, et sa représentativité aussi auprès des autorités administratives, la charge doit être lourde! . . . A partir de là, nous avons touché un point sensible, et la jeune Chef a parlé désormais avec plus de feu. Nous ne pouvons pas reproduire à la lettre le long discours qu'elle avait à coeur d'exprimer. Nous en donnons la substance en citant les passages essentiels. C'est que nous avons mis le doigt sur un point important qui est au chapitre de ses revendications. La pratique de la démocratie de proximité telle qu'elle fonctionne dans le village, est une lourde charge. C'est pourquoi la décision du Conseil général de la Guyane de ne plus servir une indemnité aux chefs coutumiers est grave de conséquences. Mais nous voyons souvent des dispositions administratives irresponsables. Prenons le cas exemplaire du village Charbonnière à S' Laurent: que nous a cité Brigitte Wyngaarde : Sous prétexte de résorber l'habitat jugé insalubre, on a transformé un village traditionnel en lotissement. La conséquence a été une désagrégation de la communauté villageoise, et le lotissement a amené avec lui toutes les dérives dont nous sommes chaque jour les témoins chaque fois que le lien moral est perdu dans un groupe humain. Dans ces structures , l'autorité du Chef Coutumier est perdue; est vite désuète; Il ne reste plus qu'à rayer la fonction d'un trait de plume! En somme, on voit surgir toutes les nuisances sociales et toutes les violences qui sont hélas banales dans les milieux urbains tels qu'on veut les reproduire en milieu amérindien. Le désatre touche particulièrement les jeunes :ils sont désorientés, sans repères culturels, sans aucune référence puisqu'on leur enlève la référence de leur groupe, sans qu'ils en aient reçu une autre. Brigitte Wyngaarde nous a cité l'alcoolisme, la toxicomanie, la violence pour acquérir le bien d'autrui - ce que la structure villageoise traditionnelle rendrait très difficile - On crée les ghettos, les communautés ethniques rivales, transposant dans ce milieu protégé toutes les dérives des grandes villes et des banlieues, parfois même des villages à la manière dite "moderne" comme on le voit de plus en plus. Laissons continuer Brigitte Wyngaarde pour terminer ce chapitre que nous ne refermerons pas: " Beaucoup d'efforts restent à faire pour redresser une situation mal engagée. La Guyane est mal en point.Les Amérindiens sont vigilents, car l'enjeu est pour eux capital. Ils n'ont pas l'intention d'assister en spectateurs à la dissolution progessive de leur culture. La stabilité politique et sociale de la Guyane passe nécessairement par la reconnaissance légale des institutions coutumières de leurs représentants, les Chefs Coutumiers." Pour le moment, il n'y a rien à ajouter.
Mais nous savons bien que des paroles comme celles-là doivent porter et portent loin. Les
vrais paradis perdus le sont du fait de certaines arrogances occidentales
dites" modernes". C'est en fait le culte de l'individualisme qui asservit
l'intérêt collectif à l'intérêt immédiat d'un individu, à l' ambition, et la
cupidité de groupes organisés. En saluant et en médiatisant toutes
ces "réussites", on amène des émules à l'écrasement de ceux qui sont
les plus faibles dans ce mode d'excellence de ce qu'on nous présente comme "la
société moderne" : caricature dévoyée et cupide de ce que devrait être la vraie
modernité humaine. |