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Avant propos_
Ce
document qui date de 1881 a été recopié tel quel de sa source. Il
témoigne que chaque fois qu'une abomination a été perpétrée pour
l'intérêt de la finance et de la banque, des hommes du camp national
culturel et social des agresseurs, ont combattu souvent au péril de
leur vie pour faire cesser le scandale.
La parole et la philosophie, plus que les armes ont remporté les
plus grandes victoires. Face à la rébellion inorganisée et aux
conséquences meurtrières ou suicidaires des esclaves, il y avait des
armes bien commandées.
Face à l'avancée de la réflexion philosophique puisée tout
simplement au fond de l'humanisme naturel des humains on a chaque fois
vu reculer l'oppression Cette fin du 19° siècle a été marquée par
le contraste entre les grands progrès de la pensée humaniste, et les
plus grandes violences contre la justice et le sentiment humaniste. Les
luttes entre ces deux tendances qui sont dans le fond des hommes, ont
marqué durablement la conscience collective politique et sociale. Elles
restent un testament qui parle encore à la génération présente, qui
n'en a pas encore tiré toutes les leçons.
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Il
faut tenir compte de la date d'édition de ce texte de l'Encyclopédie
de Dupiney de Vorepierre (1881) pour comprendre que dès les premiers
moments de la réflexion sur la commerce abominable de la traite, il y
avait des esprits éclairés et humanistes pour protester et agir contre
ce qui est considéré comme un crime contre l'humanité. La foi
catholique n'a pas préservé de cette abomination; elle a parfois
trouvé dans les écritures ou la tradition, des arguments pour la
légitimer.
Les esclaves se sont souvent révoltés, mais chaque fois la révolte a
été durement réprimée. C'est le cri des conscience et les progrès
da la philosophie humaniste qui ont fait cesser ce crime contre les
peuples d'Afrique dans les sociétés occidentales.
Ce n'est que le 13 mai 1888 que la loi Aurea (ou loi d'Or) met fin à l'esclavage au Brésil
qui est le dernier état occidental à mettre fin à ce scandale de la
civilisation. Entre 1790 et 1830, 700 000 esclaves ont été déportés
dans l'Empire du Brésil indépendant du Portugal depuis 1822.
La même année 1818,
une croisière fut établie sur la côte d'Afrique à l'effet de
poursuivre les négriers, Enfin, la loi du 25 avril 1812 porta la peine
de
bannissement contre tout individu qui coopérerait à la
traite. Déjà les Etats-Unis par un bill de 1820 et l'Angletrre par un
acte du parlement du 31 mars 1824, avaient déclaré que
désormais la traite serait considérée comme un acte de piraterie et
punie de mort- Malgré toutes ces lois, et quoique tous les peuples
maritimes d'Europe se fussent réunis pour pour interdire absolument le
trafic infâme des noirs, il n'en continuait pas moins sur les côtes
orientales et occidentales de l'Afrique , et les marchands de "bois
d'ébène" car c'est ainsi qu'ils appelaient les malheureux noirs
qui étaient arrachés à leur pays, trouvaient des débouchés faciles
et lucratifs dans les colonies espagnoles et portugaises et même dans
les états du sud de la Confédération américaine où des autorités
complices fermaient les yeux sur ce hideux commerce. C'est alors que
diverses sociétés abolitionnistes proposèrent le système
du droit de visite réciproque en vertu duquel les croiseurs
de chaque nation pourraient visiter les navires marchands des
autres pays, pour s'assurer qu'ils ne se livraient pas à la traite. Le
gouvernement anglais accepta avec empressement cette idée et s'efforça
de la faire accepter par les autres nations. Mais les Etats-Unis
repoussèrent constamment le droit de visite, et la France n'y consentit
pas aisément. Le premier traité de ce genre conclu avec l'Angleterre
date du 30 novembre 1831. Remplacé, ou plutôt aggravé par la
convention du 22 mars 1833, il fut abrogé par la convention de 1845 qui
réduisit la visite à la simple vérification du pavillon. Ce dernier
traité fut conclu pour dix années, mais en 1885, il n'a pas été
renouvelé; aucune disposition même n'a été prise pour le remplacer.
Il faut avouer que les croisières entretenues par la France et la
Grande Bretagne sur les côte d'Afrique n'avaient pu empêcher
absolument la traite qui continuait de se faire sous le pavillons des
Etats-Unis. Ce trafic exécrable ne tombera qu'avec l'abolition même de
l'esclavage . L'Angleterre la première entre dans cette voie. Le 14 mai
1823, le parlement britannique adopta une loi d'émancipation générale
des noirs, et accorda en même temps à leurs propriétaires une
indemnité de 500 millions de francs, et le 1° août 1838, tous les
esclaves des colonies britanniques , au nombre d'environ 670 000, virent
à la fois tomber leurs chaînes. En France il ne fallut rien moins que
la révolution de 1848 pour faire proclamer cette grande mesure. Le 27
avril, un décret du gouvernement provisoire prononça l'abolition
immédiate de l'esclavage dans toutes les colonies françaises et 260
000 noirs environ furent rendus à la liberté .Depuis cette époque,
les gouvernement danois, hollandais, etc.. ont également émancipé
leurs esclaves de sorte que l'esclavage ne subsiste plus, nous parlons
des peuples chrétiens seulement, que dans les colonies espagnoles et
portugaises, au Brésil et dans une partie de la Confédération des
Etats-Unis.
Au Brésil et dans les colonies
espagnoles dont la population est exclusivement catholique, les noirs
sont généralement traités avec une grande humanité tandis qu'aux
Etats-Unis, ils sont soumis au régime le plus oppressif et le plus
immoral qui ait souillé l'histoire même de l'esclavage. Mais comme
tôt ou tard la peine suit l'iniquité, l'expiation a commencé
pour ces hommes dont l'impiété ne se borne pas à vouloir
maintenir chez eux l'esclavage, mais encore ose affirmer sa
légitimité et prétend étendre cette honte à l'Union tout
entière
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