Le niveau de "civilisation" dans le
sens de l"humanisation de la société se constate dans la
considération et la place faite aux femmes. Sur ce plan-là on peut dire
qu'en beaucoup de lieux au monde la route est longue. Dans beaucoup de
pays, on en est au même point qu'aux premiers temps de l'humanité, pire
probablement, puisque les progrès de contrôle de communication et de la
technique et même de la réflexion, servent à mieux exclure et
asservir la femme. Dans certaines sociétés humaines, la femme n'a pas la
disposition de son corps, ni de sa parole, ni de son esprit. Tous ses
comportements sont observés, décrits codifiés, épiés;
on lui donne le mode d'emploi
de son corps; on décrit l'usage que doivent en faire les hommes et aucune
transgression ne lui est
permise. Quand il arrive à une femme de se
soustraire à se système par la fuite ou l'immigration clandestine, elle doit avoir beaucoup de chance pour trouver un semblant de vie libre
et digne. On peut instruire l'ignorante, on peut soigner la malade, on
peut donner une place dans la société à ces victimes, mais on ne les
guérira pas physiquement et psychiquement de la mutilation sexuelle
. Longtemps en tout cas elles seront prostituées sur les trottoirs et les
mauvais lieux de nos cités; longtemps encore on s'en accommodera . Pour
beaucoup d'entre elles, cette misère-là est "moins pire" que
celles de leur pays d'origine, et ce point soulagera lâchement beaucoup
de "bonnes consciences".
Mutilations génitales -
Elles sont de deux sortes: L'excision consiste en l'ablation du clitoris ;
cette pratique est courante dans beaucoup de pays d'Afrique de l'ouest.
L'infibulation est l'ablation du clitoris, des petites lèvres et
pour partie, des grandes lèvres.
La vulve est cousue de telle sorte qu'un petit orifice permet à la
victime d'uriner et d'évacuer le sang menstruel. Les conditions
"chirurgicales" de cette abominable mutilation sont le vieux
couteau rituel, la lame de rasoir usagée, le tesson de bouteille ou le
fragment de vitre. C'est aussi la main souillée de la matrone inculte
dans une pièce ou un espace sale qui n'a jamais connu aucune asepsie. Pas question d'anesthésie bien entendu. Le scandale est quotidien
et ce n'est qu'à l'occasion d'un décès que la chose peut faire un
certain bruit passager dans quelques-uns de ces pays adeptes de la coutume
ancestrale.
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Il n'est pas besoin de citer ces pays: tout le monde les connaît bien . Ce sera plus de 28 pays de l'ouest Africain, le Soudan, La Somalie, l' Éthiopie, l'Égypte.
La Malaisie, Le Yémen . Personne ne pourra affirmer
que cela ne se passe pas ici et là en Australie, en Europe ou en
Amérique du Nord dans les communautés immigrées.
Pourquoi ces mutilations? On remontera à plus de 500 ans avant
Jésus-Christ. On trouvera beaucoup de théoriciens défenseurs de ces
pratiques dont sont victimes les femmes, pour donner des arguments
fallacieux en faveur de leur thèse. Ils font feu de tout bois. Il y a la
tradition, la protection de la femme contre ses propres débordements
sexuels, la garantie par une couture de la virginité des filles qui
sont simple marchandise dans l'affaire. Mais au premier rang, il y
a l'argument religieux et la stricte observance de préceptes, interdits
et recommandations de prophètes ou de sages. Une tradition fût-elle
religieuse, qui fait mépris de la dignité humaine et qui autorise de
telles pratiques, peut être assimilée à une doctrine sectaire
dangereuse. L'excision se fait à la demande des hommes qui
refuseront une femme non excisée; la femme non excisée sera tenue à
l'écart, méprisée et ne trouvera pas un mari. La cérémonie est le
fond de commerce des exciseuses qui se verraient réduites au chômage et
à l'indigence si cette pratique venait à cesser. Tous les arguments mais
jamais le bien-être, l'intégrité, la dignité des fillettes et des
femmes ne sont pris en compte.
Beaucoup de femmes soutiennent ces pratiques et les grand-mères
considèrent comme un manquement à la bonne éducation particulièrement
grave que de ne pas exciser une fille.
On sait les conséquences de ces mutilations qui mettent souvent en danger
la vie des victimes et qui ont toujours des conséquences graves comme les
hémorragies, ulcération, mauvaise cicatrisation destruction ou
délabrement de canal urinaire avec incontinence. L'acte sexuel est
douloureux , l'accouchement difficile ou mortel et souvent la stérilité.
Les troubles psychiques et psychologiques sont fréquents et de toutes les
façons, une femme ne se remet pas intacte de cette pratique dont la
simple existence est une honte pour l'humanité.
L'espoir est que l'instruction et l'information aident à rendre plus
fécond le travail des associations locales et des ONG. Quand les femmes
retrouveront le sens de leur dignité bafouée, elle refuseront ces
pratiques d'un autre temps.
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