La violence à l'école n'est pas
nouvelle.
Ce texte a été édité
en 2004., c'est à dire avant les dernières manifestations du malaise
grandissant jusqu'à l'explosion sociale qui touche un grand nombre
de jeunes confinés dans la périphérie des grandes villes. Là se
trouvent des populations qui ressentent l'exclusion due à leur
faible niveau de revenu, leur origine, le chômage sans rapport avec
leur qualification, le racisme, l'intolérance et la xénophobie de
beaucoup. Ils ont le sentiment qu'ils sont oubliés et ignorés des
responsables administratifs et politiques du pays. Ils se trompent
quand ils croient être les seuls oubliés de la nation. Ici et là,
partout il y a de plus en plus de personnes de tous âges qui sont
"débarqués" de l'ascenseur social sans espoir de pouvoir retrouver
la dignité citoyenne perdue; celle que donne le travail, un habitat
décent, un bon climat familial et la considération sociale. La
violence de l'école n'est que la forme scolaire de celle de la rue.
Par l'habitat et par la non-discrimination à l'emploi, on peut
faire beaucoup pour ressouder la cohésion nationale entamée. L'année
2006 a commencé dans un pays sans direction politique, sans projet
et sans ambition. La parole est creuse, les actes ostentatoires sont
toujours dans la direction des exclus. Le
discrédit des principaux dirigeants inertes, rejaillit injustement
parfois sur tous les responsables politiques trop soucieux avant
tout de leur carrière.
Il reste que ce tableau de notre société, est l'arrière-plan de
la violence urbaine qui s'infiltre dans certaines écoles, et qui
entre par la grande porte dans beaucoup d'établissements scolaires.
Pour en venir à la violence scolaire elle-même, il faut dire que
l'école laïque qui ne peut pas bien fonctionner dans un contexte
social si mal en point, résiste quand même à la violence extérieure.
Il y a moins de violence dans l'école que dans la rue.
Dans son principe, l'école ne valorise pas les agents
traditionnels de la violence comme la force physique, la notoriété ,
les origines sociales.
Cette attitude a une vertu pacificatrice et fait de l'école un
lieu "entre parenthèses" où chacun peut espérer trouver un moyen de
réussir par la bonne voie. En regardant par la fenêtre,
malheureusement, et de plus en plus, les élèves qui appartiennent
aux classes exclues de la société se rendent bien compte que l'école
ne garantit plus aucune promesse et qu'elle les prépare souvent à
savoir faire valoir leur droits aux aides sociales aux emplois
incertains à l'oisiveté avec le grand risque de la délinquance avec
l'argent facile. Plus ils fréquentent l'école, et plus aussi ils
ressentent durement leur exclusion présente et leur exclusion à
venir. Les gouvernements observent qu'il y a une baisse du chômage,
et aussitôt ils attendent une diminution de la violence dans les
cités. Cet aveuglement est grossier. Ceux qui ont trouvé du travail
en rapport avec cette diminution du chômage, sont ceux qui avaient
déjà un emploi et qui l'ont retrouvé après un temps d'inactivité;
ceux qui n'ont jamais travaillé, et qui ont peu d'espoir de
travailler un jour, restent dans l'exclusion et n'ont qu'un recours:
la violence. Les plus "gentils" s'attaquent aux personnes âgées ou
seules qui ont moins de défenses et qui sont dans leur
environnement. En prenant de la graine, ils seront de plus en plus
disposés à la grande délinquance solitaire ou en groupe. Dans le
système teI qu'il est, il n'y a aucun moyen d'endiguer ce flux
montant. Plus on élèvera la digue des policiers et de la répression
qui va avec, plus on verra monter le niveau de la violence dans
toutes ses manifestations. Quand il y aura un grand "Boum" social,
ce sera dans la continuité de ce que nous avons déjà sous les yeux,
et depuis si longtemps.
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