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Marie-Antoinette est indignée. Elle restera durablement humiliée.
Le roi est mis au courant et prend
l'affaire fort à cœur.
Tout est découvert et la comtesse de Lamotte fait des aveux.
Le personnage qui est l'instrument de l'affaire, est le cardinal de
Rohan.
Au moment où il allait célébrer l'office de Notre-Dame
d'août le 15 août 1785 dans la chapelle de Versailles, on assiste à son arrestation par
ordre du roi devant tous les personnages de la cour.
Il est accusé d'avoir attenté à la majesté royale en achetant à crédit
un collier de diamants extraordinaire d'un prix considérable ( 16 00
000) au nom de la reine. Il doit être traduit devant la grand' chambre du
Parlement
C'était la première fois qu'on faisait comparaître un cardinal devant la
justice laïque.
Les protestations du pape, des membres du Sacré Collège et de tous les
tenants des privilèges ecclésiastiques n'y font rien.
Mme de Lamotte
qui s'est laissé prendre fut
fouettée, marquée au fer et mise à la Salpêtrière le 31 mai 1786. Elle
s'en échappera plus tard.
Au moment du supplice, le bourreau a dû la tenir par les cheveux car
elle ne se laissait pas faire ; la marque du V pour voleuse lui fut
frappée sur le poitrine.
La comtesse de Lamotte après son évasion, a vécu difficilement en
Angleterre.
Le comte son époux en fuite en Angleterre où il a vendu les
pierres est condamné aux galères par contumace.
Le cardinal dont on dit qu'il avait profité d'une partie de la
vente, fut cependant acquitté neuf mois après l'affaire et
envoyé à l'Abbaye de la Chaise-Dieu.
Cagliostro est convaincu d'imposture et d'escroquerie; il est
chassé du royaume en 1786. Il mourra dans les prisons du
Pape
Les bijoutiers furent indemnisés, et leurs héritiers ont continué à
recevoir ce que leurs parents décédés n'avaient pas reçu.
L'acquittement de Rohan était
condamnation de la reine, et ajouta injustement à son discrédit
dans l'esprit du public.
Cet événement pèsera lourd plus tard dans le dossier de la malheureuse reine au
moment de son jugement.
Mais on aurait tort de croire que la mauvaise aventure a été
déterminante pour sa condamnation. Il y avait beaucoup de charges dans le
dossier de Marie-Antoinette qui a été une mauvaise inspiratrice auprès
du roi. Elle était incompétente et s'est lancée dans une partie trop
forte pour elle.
Pourtant, la reine aurait pu retrouver son crédit populaire si elle
n'avait pas soutenu les ennemis de la révolution en cours. Elle a joué
de toutes les forces qui refusaient le changement de régime et
manœuvraient pour une intervention étrangère à laquelle prendraient
part tous les émigrés plus soucieux de leurs privilèges que de l'intérêt
de la nation.
Les principaux lieutenants de ce parti des "aristocrates" étaient prêts même à
sacrifier le roi jugé trop conciliant, par un assassinat.
Il est à remarquer que les "aristocrates" ne sont pas ceux qui, à
quelque degré que ce soit, ont du sang royal. Ce sont ceux qui sont
contre le pouvoir du peuple et ennemis de la Révolution.
Pour l'époque, ils sont de "sang bleu", le sang des lâches (le sang
impur) par opposition au "sang rouge" qui est celui du courage et de
l'honneur.(lire
ce billet)
Sources: Histoire de France populaire-Henri Martin
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