La Vitesse au volant Parmi les idées reçues, une des mieux établies concerne la vitesse. Pour certains, la vitesse n'est pas une cause d'accidents. Ceux qui défendent le plus cette thèse sont ceux qui, se considérant comme de très bons conducteurs, s'autorisent aussi tous les dépassements.
La vitesse est toujours cause
aggravante d'un choc ; cela est évident. Mais elle devient cause
le plus souvent parce qu'elle n'était pas adaptée. Rouler à 90
km/h sur autoroute peut provoquer un accident. Rouler à 70 km/h
en ville est tout aussi dangereux. De leur côté, les ingénieurs
et les constructeurs ont fait faire des progrès considérables à
la sécurité passive des véhicules ; celle qui peut diminuer la
gravité du traumatisme consécutif à un choc. Mais si de leur
côté les conducteurs vont chaque fois à la limite de cette
sécurité, aucune route ne sera assez sûre et ni aucune voiture .
Y a-t-il un profil type des conducteurs amateurs de dépassements de vitesse ? Là aussi, les statistiques montrent que tout ce qui au physique ou au social donne un sentiment de force, d'assurance, de domination, va se traduire dans le comportement routier. On a 40 ans, on appartient à un milieu social aisé ; ou bien on est jeune, adroit, en pleine force : alors on s'amuse à rouler vite pour le plaisir, pour éblouir ou susciter l'admiration de son passager ou de sa passagère. En pratique, ce sont les jeunes qui sont dans la plus grande proportion, victimes de la route. Il y a aussi l'état de santé, les médicaments, les drogues et la drogue alcool. Celui qui se sent très bien, ne sait pas forcément qu'il n'est pas tout au long de la journée à tout instant, au top de la forme et de la vigilance. Quand il est sous l'effet de l'alcool ou de quelque autre drogue licite ou non, à quelque dose que ce soit, il se surévalue et prend encore plus de risques. 2000 jeunes entre 15 et 24 ans sont tués chaque année en France, et 10 000 sont blessés gravement. Ceux qui avouent ne jamais rechercher l'excès de vitesse ne sont que 7%. Pour beaucoup de jeunes, la vitesse est un risque recherché. La vitesse toujours dépassée en tout, à tout prix, est un critère de réussite technique ou individuelle dans le monde actuel. On n'a pas besoin de savoir si elle aboutit à l'efficacité ; en soi, elle est vue comme valorisante. Ce modèle en tout cas promu partout, s'impose aux jeunes. Pourtant, sur le parcours le plus fréquent de 10 km que nous faisons chaque jour, un dépassement de 20km/h de la vitesse autorisée, ne nous donne pas un gain d'une minute sur notre horaire. Le risque que nous prenons pour nous et pour les autres ne nous permet pas de compenser un retard. Dans son bulletin de mars 2001, la Maif fait des comparaisons parlantes pour faire prendre conscience de l'effet de la vitesse. A 30 km/h, on tombe de 3,5 mètres. A 60 km/h, on tombe de 5 étages, soit 15 m. A 150km/h, on tombe de 88 m (29 étages). On peut lire aussi des chiffres qui devraient aider à la réflexion. Quand on a abaissé la vitesse en ville de 60 à 50 km, on a aussitôt constaté une diminution de 14% des accidents et de 15% des tués en zone urbaine. On propose maintenant d'abaisser la vitesse sur autoroute de 130 à 120 km/h avec la promesse assurée de diminuer le nombre d'accidents, le nombre de victimes et celui de la gravité des lésions. Cette mesure est mal vue des "Fangios" de la route, et le courage des responsables politique est faible. Aux Etats-Unis, le simple fait d'autoriser dans certains états la vitesse à seulement 105 km/h a provoqué une augmentation de 18% des tués sur la route. Pensons aussi à celui qui est en face: Vous heurtez un piéton à 20 km/h, le risque de décès pour lui, est de 10%; ce risque est de 30% à 40 km/h, 85% à 60 km/h et mortel dans tous les cas à 80 km/h. Il ne faut pas simplement avoir peur de ces données, mais il faut en prendre conscience, pour les intégrer dans notre comportement sur la route. |