La nuit du 4 août 1789
"Une seule nuit aura suffi  pour renverser ce chêne antique de la féodalité dont les branches couvraient la surface de l'empire français, dont les racines épuisaient depuis tant de siècles, les sucs de la terre et frappaient de stérilité l'heureux sol de France".

La folle et merveilleuse nuit du 4 août 1789

Dans les jours précédents le 4 août, il y avait dans les campagnes beaucoup de troubles :

Des paysans se révoltaient contre leurs seigneurs et refusaient de payer les droits féodaux  ; certains brûlaient les châteaux et brutalisaient les nobles les plus haïs. Ils brûlaient les archives. Les seigneurs cependant qui agissaient avec humanité étaient à l'abri de ces débordements souvent fortement réprimés. Des bandes de pillards s'en donnaient à cœur joie et on pouvait tout craindre quand on passait pour un privilégié.
Ces troubles eurent une répercussion inattendue sur l'Assemblée et provoquèrent un événement considérable, sans exemple dans l'histoire d'aucun peuple.

La minorité libérale de la noblesse s'était jointe au Tiers Etat. La noblesse jugeant la cause des privilèges perdue, voulait au moins finir avec grandeur.
A la demande du gouvernement, l'assemblée allait discuter un arrêté pour faire cesser les violences et demander au peuple de respecter les  anciennes lois en attendant la promulgations des nouvelles lois votées par l'autorité nationale.
Le vicomte de Noailles demanda la parole pour déclarer que c'était le moment de décréter immédiatement l'égalité proportionnelle des impôts qui accablaient injustement le peuple. Il plaidait pour l'abolition des corvées et de toutes les servitudes personnelles. Il n'avait rien à perdre car il était un cadet sans fiefs. Mais le duc d'Aiguillon arrière-neveu du cardinal de Richelieu et fils d'un ministre de Louis XV appuya sans réserve la motion de Noailles qu'il avait déjà formulée lui-même.
Dès lors les proposition se succédèrent. Entre huit heures du soir et deux heures du matin, la féodalité s'est effondrée comme un vieux chêne antique. C'est à cela qu'a abouti la philosophie du 18° siècle : Droit, Justice, Humanité. Une seule nuit a suffi !

Même si certains ont voulu se rétracter, même si tout n'a pas pu se réaliser du fait de l'improvisation et des conséquences négatives de certaines mesures, la voie était ouverte, et irrémédiablement la nuit du 4 août a été celle de l'abolition des privilèges qui est plus que la démolition symbolique de la Bastille, le grand acquis de la Révolution et du peuple de France. L'abolition des privilèges est définitivement le cadeau libérateur pour tous les peuples de la terre.
Dans les jours qui ont suivi, cette doctrine était acquise. Il restait à coordonner toutes ces décisions et à les rendre applicables.
L'odieuse dîme supprimée dès le 11 août, allait rendre les descendants des serfs du Moyen-âge propriétaires par la suppression des droits féodaux .
La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen fut proclamée le 26 août pour garantir définitivement ces acquis :

- Egalité des citoyens sans distinction d'origine, de classe, de religion.
- La liberté, la propriété, la sûreté et le résistance à l'oppression.
- Le principe de la souveraineté de la Nation
- Egalité devant la loi.

Deux des plus beaux articles sont :

X- Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi.
XI- Le libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme. Tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans des cas déterminés par la loi.

Les constitutions vont passer après celle de 1789, mais cette Première Constitution ne peut être abrogée. Elle est au-dessus de toutes les constitutions à venir.
Mais la France est affirmée définitivement comme une Démocratie Représentative. Cela signifie que le peuple délègue ses pouvoirs à des représentants élus qui s'expriment, délibèrent  et agissent en son nom dans le cadre de leur mandat, pour la direction des affaires de la Nation.

Sources : Histoire de France populaire - Henri Martin -  volume 3 (1875)

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